Se rendre au contenu

Origine et évolution de l'alchimie​

Dans cette section du site internet, vous allez découvrir comment l'alchimie s'insère dans le cadre de la science holistique, en revenant sur ses principes fondamentaux qui superposent le processus de modification d'état de la matière à l'évolution spirituelle de la personne, permettant sur le long terme d'atteindre le Grand Oeuvre de la Pierre Philosophale

brown wooden table with chairs
Photo de l'atelier d'un alchimiste

Une science millénaire

L'alchimie est une pratique personnelle qui mélange des expériences scientifiques et spirituelles. Dans sa signification exotérique (enseignée à tout le monde), l'alchimie avait, entre autre, pour but de développer un remède miracle qui guérirait toute la population, appelé une panacée universelle ou encore un moyen d'allonger le plus possible nos vies pour devenir immortels: l'élixir de vie. Dans son rapport à la matière, l'alchimie repose sur ce qu'on appelle la transmutation des métaux, c'est-à-dire une transformation totale d'un métal en un autre. Le plus souvent c'est le remplacement d'un métal vil en un métal noble. On parle souvent du passage du plomb en or, puisque ceux-ci n'ont rien en commun d'un point de vue atomique. Lorsque cette prouesse est réalisée, l'alchimiste a considéré avoir atteint la fameuse Pierre Philosophale, qui n'est autre que le moyen de modifier les propriétés chimiques des métaux. Tout cela relève des connaissances générales inculquées à n'importe qui concernant le phénomène. Mais pour découvrir son essence et mieux cerner ce qu'est l'alchimie, il est nécessaire de remonter aux origines de la formation du mot, les diverses influences qu'il a subi ainsi que son étymologie actuelle. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'on peut tous devenir des alchimistes et si l'on interprète son sens différemment, on en est déjà tous un (à prendre au sens figuré).

Racine et étymologie du mot

Le mot alchimie apparait pour la première fois au XIIIème siècle, dans le monde arabe, sous la forme d'el-kïmyâ ou al-kimiya, qui serait une dérivation du mot grec khumeia ou khêmeia, mot général regroupant la chimie et l'alchimie. Mais, il semblerait que ses racines remonteraient à bien plus loin. Certaines sources expliquent qu'il y aurait un lien direct entre le mot alchimie et le mot employé pour désigner la crue du Nil: kemi. Ce serait à partir de ce mot, que les égyptiens nommèrent leur territoire khem ou kemet ("le pays de la terre noire")La raison de cette appellation, vient de la substance qui vient se déposer sur les rives du Nil, le limon noir, qui serait la cause de la fertilisation des terres, leur permettant de devenir arable. Dans un sens, l'eau du Nil apporte un rôle nourricier permettant de transmuter l'état de la terre de non-cultivable en cultivable. Cette connaissance de l'alchimie était probablement réservée aux initiés des écoles de mystères en Egypte Antique. 

Dans un contexte religieux, certaines personnes pensent que le mot alchimie proviendrait de Cham, le fils de Noé, qui pratiquait la magie.

Les plus anciennes sources

Une grande partie des informations relatives à l'alchimie auraient été copiées dans des livres et des manuscrits conservés à la grande bibliothèque d'Alexandrie (contenant pas moins de 500 000 documents) avant que les Arabes, sous l'impulsion de quelques hauts dignitaires au commande de l'opération, ne se mettent à envahir la ville et à saccager et incendier sa majestueuse bibiothèque. Les historiens réussissant à récupérer les quelques papyrus restants se revendiquèrent de l'école d'Alexandrie. Ce sera bien plus tard, au début du XIème siècle ou au XIIème siècle, que deux érudits arabes du nom de Ibn Sina et Ibn Rushd traduirent dans leur langue les derniers textes alchimiques intactes récupérés après l'incendie. 

Du côté de l'Occident, et plus particulièrement en Grèce Antique, les plus anciens textes grecs faisant référence à l'alchimie sont le papyrus de Leyde et le papyrus de Stockholm. Ces écrits recensent 250 recettes réparties en quatres catégories expliquant les techniques à employer pour donner aux métaux l'aspect de l'or ou de l'argent.

Les principes de l'alchimie étaient aussi connus il y a très longtemps en Chine, dans les enseignements du Taoïsme qui classaient les métaux en énergie Yin (féminin, négatif) ou Yang (masculin, positif). Ils partaient du principe que notre univers comprend cinq éléments fondamentaux qui créent tout: le feu; le bois; l'eau; la terre et le métal. Le métal dépourvu des quatres autres éléments est considéré comme neutre ou aux propriétés flexibles alors que quand il est mélangé avec l'un ou plusieurs d'entre eux, il devient de polarité Yin ou Yang. On retrouve donc ici la notion de transmutation des métaux transmise dans l'école des mystères en Egypte Antique. Les connaissances de cette pratique remonteraient à au moins 4500 ans av. J-C.

brown wooden mortar and pestle

  Photo d'un mortier

brown wooden hallway with white ceiling

Temple funéraire de la Vallée des Rois

text, letter

Ecriture hiéroglyphique

red and yellow no smoking sign

Symbole du Yin et du Yang

Le Moyen-Age et la Renaissance

L'alchimie connaitra son apothéose au cours du Moyen-Age et de la Renaissance. C'est à cette époque que les textes alchimiques arabes furent traduits en Occident et se répandirent à grande vitesse dans les cercles ésotériques des sociétés secrètes comme la franc-maçonnerie et la Rose-Croix. Quelques alchimistes arabes permirent également de faire connaitre l'alchimie grecque aux chrétiens ainsi que leur égérie Hermes Trismegiste (savant égyptien du IIème siècle av. J-C, qui aurait gravé sur la Table d'Emeraude des formules alchimiques aux propriétés puissantes). 

Un peu plus tard, plusieurs textes arabes furent traduit en latin, et l'on modifia le nom des auteurs pour qu'ils soient mieux acceptés par l'Eglise. L'alchimie atteignit aussi quelques occultistes indépendants qui se donnèrent pour objectif de réaliser le Grand Oeuvre alchimique, le Magnum Opus, pour les mener à la Pierre Philosophale offrant l'éternité. Parmi les meilleurs alchimistes du Moyen-Age, je peux vous citer: Arnaud de Villeneuve (XIIIème - XIVème siècle), Petrus Bonus (XIVème siècle) ou John Dastin (XIVème siècle). Au Moyen-Orient, ce sont Jabir Ibn Hayyan (Geber) [VIIIème siècle] et Abu Bakr Mohammad ibn Zakanya al Razi (Al Razi) [IXème siècle] qui firent les plus grandes percées dans le domaine. Il y avait aussi Ibn Sina (Avicenne) qui apporta beaucoup à l'alchimie en Asie Centrale. Pour finir, on peut retrouver Tao Hongjing (Vème - VIème siècle) en Chine. La plupart de ces alchimistes sont les précurseurs de la découverte de l'alchimie en Occident. Ce travail de très longue haleine pouvait prendre toute une vie. Les chercheurs dans le domaine admettent qu'il est difficile d'attribuer un texte alchimique à une personne puisque la plupart de ces textes sont écrits avec des pseudonymes comme nom d'auteur. 

Si l'objectif personnel de l'alchimiste était d'atteindre la vie éternelle, son travail altruiste, était de guérir ses patients des maladies qu'ils portent en eux à travers la distillation et la dilution d'un métal en quantité très précise afin que celui-ci agisse de façon bénéfique sur l'organisme du malade. Selon la croyance de l'époque, chaque être humain est constitué de quatre humeurs qui régulent l'état de santé d'une personne. Chaque humeur est associée à l'un des quatre éléments (feu; air; terre et eau) et à l'équilibre de leur qualité (chaud; froid; sec et humide) tel qu'enseigné par Hippocrate en Grèce Antique dans sa "théorie des humeurs". Ces humeurs sont connectées aux organes et aux glandes principales de notre corps qui permettent son bon fonctionnement. Mais le Moyen-Age grouillait de charlatans qui se revendiquaient bon praticien sans pour autant connaitre les fondements de l'alchimie. La population était grandement attirée par l'alchimie, qui voyait en elle une sorte de médecine pouvant soigner n'importe quoi. Le problème c'est que seule une partie des gens était guérie alors que le reste de la population voyait son état s'aggraver. 

Les alchimistes qualifient leur activité comme à la fois théorique (apprentissage des métaux; de la chimie; des éléments chimiques; des 4 éléments; etc...), pratique (instruments utilisés; techniques opératoires), éthique (mode de vie impeccable) et divine (inspiration divine à la création). Cette manière d'appréhender l'alchimie, permet aux initiés de persévérer dans leur travail et de mêler leurs pensées à leurs actions. 

A la Renaissance, un grand nom de l'alchimie fait son apparition et va renverser les préjugés qui avaient pu être fait sur l'alchimie auparavant pour lui donner une nouvelle dimension. Cette personne est un philosophe et théoricien suisse du nom de Paracelse (XVème-XVIème siècle). Le premier changement majeur qu'il va produire est qu'il va proposer de rapprocher l'alchimie de la médecine. C'est également lui qui va introduire le sel dans l'alchimie et l'associer avec le soufre et le mercure comme principe hypostatique fondamental de la transmutation de toute chose. Il remplace les quatre humeurs d'Hippocrate par ces trois substances et hisse l'alchimie comme une pratique sur laquelle doit se reposer la médecine. L'alchimie est donc plus importante que la médecine selon lui. Le plus important pour lui dans l'oeuvre alchimique n'est pas la transmutation des métaux en or mais la réalisation de la panacée universelle. Dans un autre registre, l'alchimie sert aussi de support à la physique puisque chaque théorie peut être réalisée en pratique et donc être validée scientifiquement.

D'autres philosophes de cette époque insistent sur le rôle principalement curatif des métaux et notamment de la Pierre Philosophale qui était capable de guérir toutes les maladies. L'encyclopédiste
Johann Heinrich Alsted (XVIème-XVIIème siècle) va considérer que les trois principes hypostatiques sont plus fondamentaux dans la constitution de la matière que les quatre éléments. Il fait correspondre le sel avec l'élément terre, le soufre avec le feu et le mercure avec l'air et l'eau. Il en vient également à donner une consistance à chaque principe: le sel est une matière "sèche et solide"; le soufre est une matière "chaude et huileuse"; le sel est une substance "fluide et liquide" et par conséquent "humide". 

Dans sa conception abstraite ou métaphysique, la philosophie de l'alchimiste est d'imiter la nature pour offrir les meilleurs remèdes. Si l'alchimie était classée comme art mécanique (pratique) avant Paracelse, les choses changèrent après l'écriture de ses livres. La France, l'Allemagne, l'Italie et l'Angleterre étaient les principaux pays à la recherche de la Pierre Philosophale à cette époque. Parmi les grands noms d'alchimistes de la Renaissance, on retrouve bien sûr
Nicolas Flamel (XIVème siècle), Jacob Boehme (XVIème siècle), John Dee (célèbre cryptographe, astrologue de la Reine Elisabeth et l'auteur des pièces de Shakespeare [XVIème siècle]),  ou encore Edouard Kelly (XVIème siècle). C'est au XVIIIème siècle que l'alchimie va en grande partie s'éclipser lorsque le chimiste français Antoine Lavoisier va découvrir plusieurs éléments chimiques dans son étude de la combustion et va considérer que l'alchimie appartient du passé.

Hippocrate

brown and white abstract painting

Sel

Paracelse

John Dee