Histoire de l'astrologie (1ère partie)

Définition

Pour commencer cet article sur l'astrologie, il est essentiel de revenir sur les différentes définitions que peuvent lui donner les dictionnaires pour mieux l'appréhender. D'après le dictionnaire "Le Robert", l'astrologie est l'"art de déterminer le caractère [d'une personne] et de prévoir la destinée humaine par l'étude de l'influence supposée des astres (l'horoscope)." Cette définition succinte nous permet de discerner deux éléments principaux: l'astrologie sert à la fois comme méthode de décryptage de notre personnalité, tout comme elle peut servir à prédir notre avenir en étudiant les transits planétaires. Voyons maintenant ce qu'en dit le CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales). Selon lui, l'astrologie est la "science de certains astres (le Soleil et la Lune, appelés luminaires, et les planètes Mercure, Venus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton) considérés dans leur relation entre eux, dans leurs positions dans les signes du zodiaque" mais aussi comme l'"art d'interpréter ces configurations particulières à une certaine date, établies dans une carte du ciel, en vue de déterminer le caractère de quelqu'un [et], de prédir son avenir". Cette seconde définition est bien plus intéressante, puisqu'elle est plus longue et exhaustive. Elle nous indique le rôle des astres et l'impact qu'ils peuvent avoir sur nous en fonction du signe du zodiaque dans lequel ils se trouvent et des "relations entre eux", c'est-à-dire, les aspects qu'ils forment entre eux à notre naissance (thème natal) puis, en correspondance avec le placement des planètes dans le ciel à un temps donné (les transits). Le CNRTL distingue également trois différentes formes d'astrologie: l'astrologie naturelle qui étudie "l'action des astres sur les éléments télluriques" (par exemple, l'influence de la Lune sur les marées); l'astrologie statique "qui considère exclusivement la carte du ciel à la date de naissance" et l'astrologie dynamique qui en "étudiant les transits et les directions des astres, considère le tracé de l'individu dans son mouvement à travers le temps". L'astrologie naturelle permet de nous faire comprendre que l'astrologie n'a pas seulement qu'un impact sur l'être humain mais également sur tous les éléments de la Nature. Ceci est une information majeure à relever dans ma volonté de lui rendre son statut de science "dure" qu'elle a perdue lors de sa scission avec l'astronomie. Je reviendrais là-dessus un peu plus tard. Mais, il est maintenant temps de revenir sur son histoire multi-millénaire.

Astrologie védique

Les plus anciennes traces connues et répertoriées par les historiens et astrologues de l'astrologie nous viennent d'Inde. Il en aurait été fait référence pour la première fois dans les Vedas, une série de textes sacrés écrits aux alentours du XVème siècle av. J-C. Selon la mythologie hindoue, "Brahma" (Dieu de la Création), l'aurait enseigné aux êtres les plus éveillés de son époque. Dans les Vedas, l'astrologie est appelée Jyotish qui se traduit par "la science de la lumière" en français. Selon les exégètes, la scène représentant Brahma s'adressant à ses disciples remonterait à 6000 ans, ce qui en fait le plus ancien texte sur l'astrologie recensé jusqu'à maintenant. Cette première forme d'astrologie est appelée "astrologie sidérale". L'astrologie sidérale comporte 12 signes du zodiaque répartis de façon égale (30°) et se calque sur les constellations du ciel. C'est aussi une astrologie dite dynamique, dans le sens qu'elle prend en compte le phénomène de précession des équinoxes dans ses calculs (voir mon article sur l'histoire de l'astronomie). 

L'astrologie sidérale part du principe que ce sont les étoiles qui influencent notre personnalité au moment de notre naissance puis ensuite à travers les transits planétaires. Le seul problème qui se pose est que chaque constellation est traversée de façon inégale par le Soleil chaque année le long de l'écliptique (bande de ciel inclinée par rapport à l'équateur terrestre comprenant toutes les constellations traversées par le Soleil chaque année). Par exemple, le Soleil fait réellement irruption dans la constellation du Scorpion pendant 9 jours tous les ans. A son opposé (en terme de durée), se trouve la constellation de la Vierge, qui est traversée en 44 jours par le Soleil. Tout cela nous fait comprendre, que notre signe astrologique sidéral (placement zodiacal du Soleil à notre naissance) ne correspond peut-être pas toujours à la constellation avec laquelle il est associé. De plus, astronomiquement parlant, le nombre de constellations composant l'écliptique n'est pas de 12 mais de 13. La constellation que les astronomes nomment Ophiuchus et les astrologues Serpentaire est cette 13ème constellation qui est volontairement mise de côté par les astrologues pour faciliter la décomposition du thème astral en degrés égaux (elle se trouve entre la constellation du Scorpion et la constellation du Sagittaire). Pour finir, cette forme d'astrologie personnifie les astres en noms de divinités. L'astrologie sidérale hindoue étant très complexe, et n'en étant pas un spécialiste, je préfère arrêter mes explications ici.

Astrologie chinoise

Le pays suivant à avoir inventé son propre système astrologique est la Chine. Selon la mythologie chinoise, ce serait l'empereur Huang Di, surnommé "Empereur Jaune", qui aurait codifié, 2637 ans avant notre ère, une forme d'astrologie qu'il aurait appelé "astrologie des 111 étoiles". Cette forme d'astrologie était exclusivement réservée aux empereurs de la Cour Royale par crainte que leurs opposants ne tirent bénéfice des périodes propices aux attaques. Ce système astrologique, basé sur un calendrier luni-solaire, fut scindé en plusieurs parties et sous-genres pour leur permettre d'estimer au mieux les périodes favorables aux plantations et aux récoltes. Si l'on reprend les différentes formes d'astrologies énoncées plus haut, dans la définition du CNRTL, nous parlons ici d'astrologie naturelle. Dans ce lot de systèmes astrologiques, s'inspirant grandement de la numérologie dans leur répartition, on peut citer trois grands types d'astrologie:

- le système des 28 demeures lunaires: Ne tient compte que du cycle de la Lune et est similaire en tout point avec les Nakshatras de l'astrologie védique.

La particularité du système astrologique chinois, c'est qu'il désigne un cycle de 12 ans, censé représenter la révolution complète de Jupiter autour du Soleil. Leur planète de référence n'est donc pas en priorité les luminaires (Soleil et Lune) mais la plus grosse planète de notre Système Solaire: Jupiter. Ils ont aussi créé leur calendrier en suivant la trajectoire de Jupiter. Rapporté à l'astrologie occidentale, Jupiter change de signe chaque année. Pour finir, la combinaison des 5 éléments aux 12 signes zodiacaux forme un cycle de 60 ans qu'on connait mieux sous le nom de système sexagésimal (voir mon article sur l'histoire de l'astronomie pour en savoir plus à ce sujet). Le calendrier chinois étant luni-solaire, la répartition des mois et des années sont différentes de l'Occident. Le jour du Nouvel An Chinois est variable puisqu'il est choisi en fonction de la 2ème Nouvelle Lune suivant le Solstice d'hiver, c'est-à-dire entre le 21 janvier et le 19 février. Pour finir avec l'astrologie chinoise, il est important de relever qu'il existe une légende dans laquelle il est conté qu'une course fut organisée entre les 12 animaux du zodiaque pour permettre de déterminer leur position au sein du zodiaque. Il aurait dû y avoir un 13ème animal au départ, le Chat qui s'est fait berné par le Rat et n'a finalement pas pu participer à la course. Cela me fait penser, par analogie, à la 13ème constellation du zodiaque Ophiuchus qui fut volontairement écartée par les astrologues afin de faciliter la décomposition égale des signes. Le Chat correspond donc à la constellation Ophiuchus.

Astrologie mésopotamienne

En Mésopotamie, le plus ancien texte faisant référence à l'astrologie remonte au IIème millénaire avant Jésus-Christ. Il se nomme l'"Enuma Anu Enlil" ("Quand Anu et Enlil"). On ne sait pas qui l'a écrit. Jusqu'à maintenant, les archéologues ont retrouvé 68 à 70 tablettes établissant une liaison avec le texte. Il constitue le texte de base sur lequel s'est appuyé l'astrologie mésopotamienne. A ses débuts, l'astrologie était seulement réservée au roi et aux hauts dignitaires, et était considéré comme une forme de divination. Les astrologues mésopotamiens partaient de la croyance que le déplacement des astres annonçait des évènements qui se répercuteraient sur l'humanité. L'astrologie y était alors scindé en quatre catégories: les rapports réguliers; le "Gold-Year Text"; les almanachs et les éphémérides.

Les rapports réguliers (ou Enuma Anu Enlil) sont des documents qui collectent pendant une période de six à sept mois par an, les évènements liés à la lune, au soleil, aux planètes et à la météorologie. On y recense les premières apparitions de la lune, les durées des périodes lunaires, les éclipses possibles de chaque planète, les solstices et les équinoxes. On y retrouve également d'autres informations sans aucun rapport avec l'astrologie.

Les "Gold-Year Texts" sont des documents présentant l'ensemble des phénomènes prévus pour une année donnée. A partir d'une analyse objective, ils procédaient à une prédiction de phénomènes potentiels pour un astre précis en s'appuyant sur les observations effectuées au cours des précédentes années. 

Les almanachs servaient à l'origine de rapport d'observation rapportant la position des astres dans le ciel pendant une période de douze à treize mois. On peut les diviser en deux parties: un almanach chargé de la localisation des astres en tenant compte de leur position dans le ciel et, un almanach rapportant les conjonctions (alignements) des astres avec les étoiles en mentionnant leur déplacement. Ces almanachs contenaient souvent des éphémérides.

Les éphémérides présentent l'évolution de l'astronomie prédictive mathématique. Schématiquement, elles représentent des tables composées de colonnes dans lesquelles sont écrites les dates ou positions d'évènements periodiques précis relatifs à la lune ou à une autre planète. On regroupe donc ici des notions et des connaissances en astrologie, en astronomie et en mathématiques. 

C'est au Vème siècle av. J-C, que le zodiaque fut divisé en 12 parties égales et fut associé à douze constellations. C'est dans une tablette cunéiforme babylonienne datant de 419 av. J-C, qu'apparut pour la première fois le nom d'une partie des douze signes du zodiaque, tel qu'on les connait aujourd'hui, à savoir, Le Gémeau (jumeaux en babylonie); Le Cancer (le Crabe); le Lion; la Balance; le Capricorne (la chèvre) et le Verseau (le Géant). Il ne manque que la constellation du Bélier, du Taureau, de la Vierge, du Sagittaire et du Poissons. Celles-ci étaient prises en compte mais portaient un nom différent. Il était dit, selon la légende, que le nom des douze constellations du Zodiaque aurait été tiré de la forme que prenait chaque constellation, ce qui n'est absolument plus le cas. Se pourrait-il que l'astrologie soit beaucoup plus ancienne qu'on ne l'imagine pour que la place des étoiles soit si différente par rapport à avant, ou le nom des constellations est purement symbolique ?

- l'astrologie des 9 étoiles: Spécifique au Feng Shui (art qui a pour but d'harmoniser l'énergie environnementale d'un lieu afin de favoriser le bien-être, la santé et la prospérité de ses occupants). Structure carrée formant un cycle de neuf années, qui s'appuie sur les orientations de la Grande Ourse.

- l'astrologie des quatre piliers du destin ou astrologie Bazi: ​Astrologie qui repose sur l'année, le mois, le jour et l'heure de naissance de l'individu. Elle combine les douze signes astrologiques chinois appelés aussi "rameaux terrestres" avec les 5 éléments de polarité Yin et Yang appelés "troncs célestes". Les douze signes astrologiques chinois sont les suivants: le Rat, le Buffle, le Tigre, le Lapin, le Dragon, le Serpent, le Cheval, la Chèvre, Le Singe, Le Coq, le Chien et le Cochon (dans leur ordre d'apparition). Les 5 éléments employés dans ce système astrologique sont le feu, le bois, la terre, l'eau et le métal.